Oliver Kamm

Lorsque je rencontre un client, que je découvre un nouvel endroit, il n’est pas rare que je ressente exactement la direction vers laquelle le lieu peut évoluer de manière harmonieuse, esthétique. A ce moment, je dois être extrêmement attentif. Il s’agira de capter, de retenir et d’amplifier cette inspiration fugace pour m’en imprégner dans les moindres détails. Ensuite vient le temps des rencontres. Avec des artisans, des érudits du geste, des consultants du tangible, nous recherchons quelle matérialité donner à l’idée. Cela demande une précision infinie, une connivence forte. Nous alignons nos compétences techniques, nous réagissons à l’instinctif, nous nous laissons la possibilité d’imaginer, d’élaborer d’autres pistes. Nous naviguons entre les frontières de l’art, de la fonction d’un objet et de sa contribution au décor.

Cette étape du projet est singulière. Si la conception sur la base de gabarits peut être jubilatoire, l’ambiance deviendra sérieuse, parfois compliquée, car il faudra faire des choix. Un objet réel n’est jamais aussi parfait qu’une idée alors il faut doser avec délicatesse la sensation de se compromettre. C’est le prix de l’accès au tangible. Cette démarche requiert un temps incompressible. C’est le temps juste pour faire les choses bien. Je ne travaille pas en deçà de cette naturalité, car la création n’y est pas possible. »